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Dans la cour d'école

Violences passées sous silence

Des enseignants en quête d'outils

La professeure Claire Beaumont est une spécialiste reconnue des troubles de compor­tement des jeunes et de la prévention de la violence en milieu scolaire. Elle est codirectrice de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école.
La professeure Claire Beaumont est une spécialiste reconnue des troubles de compor­tement des jeunes et de la prévention de la violence en milieu scolaire. Elle est codirectrice de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école.

Geneviève Martel a raison. Un ensei­gnant sur cinq quitte la profession au cours de ses cinq premières années de carrière. Parmi les difficultés jugées insurmontables figurent la dynamique de gestion de classe et l'intervention auprès des élèves aux comportements difficiles. «La plupart des profes­seurs se sentent démunis quand ils font face aux comportements agressifs des enfants», confirme Claire Beaumont, qui reconnaît du même coup l'énorme tâche qui incombe tous les jours aux enseignants. «C'est d'autant plus vrai dans le cas des comportements d'agres­sion indirecte», ajoute Pierrette Verlaan.

Les enseignants qui interviennent, soulignons-le, le font à l'aide de leur «gros bon sens» et de leurs connaissances. Il n'en reste pas moins que leur for­mation les prépare encore relativement peu à faire face aux comportements agressifs des jeunes qu'ils côtoient tous les jours.

Au Québec comme en France, 4 % de la durée de formation des futurs maîtres du primaire est consacrée à la gestion des comportements agressifs. Au secondaire, cette proportion est de 3,75 % pour la formation québécoise. «C'est bien peu, commente Claire Beaumont. Surtout si l'on considère l'espace qu'occupe la gestion de ces comportements dans la tâche d'un enseignant.»

Céline Garant est doyenne de la Faculté d'éducation de l'UdeS. Professeure au Département d'enseignement au préscolaire et au primaire, ses intérêts de recherche portent notamment sur l'insertion professionnelle des jeunes enseignants.

Mais attention, dit Céline Garant, doyenne de la Faculté d'éducation de l'UdeS. Même si les activités offertes dans les universités sont de plus en
plus pertinentes, les jeunes enseignants auront à faire face à ces problèmes de violence indirecte au moment d'entrer en carrière, parce qu'ils en auront la pleine responsabilité. «Tant qu'ils sont dans la classe de quelqu'un d'autre — en stage, par exemple — ils ne sont pas exposés aussi fortement à la violence et aux problèmes de com­portement, affirme Céline Garant. Heureusement, beaucoup de jeunes enseignants, comme ceux de l'Estrie, bénéficient de programmes de men­torat et sont accompagnés dans la prise en charge de ces situations difficiles.»

La Commission scolaire des Sommets, en Estrie, a mis sur pied un programme de mentorat permettant d'accompagner les ensei­gnants en début de carrière.

L'an dernier, 108 personnes ont pris part au programme, ce qui a permis de diminuer le nombre de départs et de congés.

Psychologue de formation, Natalia Garcia effectue un doctorat sur la prévention de la violence à l'école. Ses travaux visent à mieux comprendre le fossé qui sépare le milieu scolaire du monde de la recherche.
Psychologue de formation, Natalia Garcia effectue un doctorat sur la prévention de la violence à l'école. Ses travaux visent à mieux comprendre le fossé qui sépare le milieu scolaire du monde de la recherche.

«Les outils existent», avance l'étu­diante et chercheuse Natalia Garcia. Autrefois psychologue dans une école primaire d'une petite ville colom­bienne, Natalia Garcia est à l'Université de Sherbrooke pour effectuer un doctorat sur la prévention de la violence en milieu scolaire. «Plusieurs de ces programmes ont d'ailleurs été validés et expérimentés sérieusement. Mais le milieu scolaire se dit démuni. Pourquoi? On l'ignore encore.» Ses travaux visent entre autres à mieux comprendre le fossé qui sépare le milieu scolaire du monde de la recherche.